Geckos à Crête

dimanche 24 janvier 2010

Geckos à crête ou crested geckosnom scientifique: Rhacodactylus ciliatus. Reptile, Squamata, Sauria, Gekkonidae, diplodactylinae.

nom courant: gecko à cils ou gecko à crête, crested gecko (anglais). Comme dans toute nomenclature, seul le nom scientifique fait foi pour la détermination exacte de l'espèce.

autres espèces: Rhacodactylus ciliatus, Rhacodactylus auriculatus, Rhacodactylus chahoua, Rhacodactylus leachianus, Rhacodactylus sarasinorum, Rhacodactylus trachyrhynchus.

répartition géographique: Nouvelle Calédonie, sud de Grande Terre et l'île des Pins. Cette espèce est endémique.

terra typica: Nouvelle Calédonie. On le croyait disparu ou non observé depuis 1967, il a été redécouvert en 1994. Il a été décrit pour la première fois en 1866 par le naturaliste français Guichenot.

mœurs: essentiellement nocturne et arboricole, il sort de sa retraite diurne (essentiellement une large feuille ou dans les plis d'un tronc) afin de partir en quête de nourriture. Comme certaines espèces de geckos asiatiques (Ptychozoon sp.), il est capable d'effectuer des bonds entre les branches sans toutefois atteindre le degré d'évolution de ces derniers. Le Rhacodactylus présente une ébauche de membrane servant à "planer" sur les pattes arrières. Sa queue est semi préhensile et l'aide dans ses péripéties arboricoles. Il a été observé prenant des bains de soleil. C'est un animal relativement rapide et agile.

habitat et climatologie: très isolée géographiquement, la Nouvelle Calédonie est soumise le plus souvent au courant des alizés; bien que située entièrement dans la zone intertropicale, elle bénéficie d'un climat relativement tempéré. On y distingue quatre saisons qui sont déterminées par la variation annuelle de la ceinture anticyclonique subtropicale et des basses pression intertropicales. De décembre à mars: c'est la saison chaude, dite saison des cyclones. Au cours de cette saison, on observe dans la zone comprise entre le sud de l'équateur et l'est de l'Australie la formation d'une dizaine de perturbations tropicales qui provoquent des pluies torrentielles et des vents qui augmentent avec l'importance du phénomène.

En avril et mai, c'est une saison de transition: la zone de convergence intertropicale remonte vers le nord. Les perturbations tropicales sont rares et généralement peu actives. La pluviosité diminue et les températures décroissent sensiblement. De juin à août, c'est la saison fraîche: la zone de convergence intertropicale se situe dans l'hémisphère nord. Les fronts froids de perturbations d'origine polaire traversent la mer de Tasman et atteignent parfois le territoire. Leur passage s'accompagne de précipitations souvent abondantes, surtout sur le sud de la Grande Terre, et d'une irruption de vent d'ouest soufflant quelque fois en tempête. La température de l'air passe par son minimum annuel entre la mi-juillet et la mi-août.

De septembre à novembre, on observe une saison de transition: la zone de convergence intertropicale descend vers le sud, franchissant l'équateur. La ceinture anticyclonique subtropicale, qui atteint alors son importance maximale, protège cette région des perturbations d'origine polaire. L'alizé souffle en quasi permanence, c'est la période la plus belle de l'année, mais c'est aussi la saison sèche. Les températures moyennes se situent entre 23-26 C. Il n'existe pas d'hiver sur l'île seulement une saison dite fraîche (de juin à septembre) durant laquelle la température reste très convenable (autour des 20° parfois plus bas avec un record de 13° à Nouméa). De décembre à mars, la Nouvelle-Calédonie connaît des records de chaleur (parfois 35°).

le Rhacodactylus vit dans la canopée des forêts humides de plaine entre 2 et 10 mètres de hauteur. Le sol de ces forêts est jonché de feuilles mortes et une grande variété de plantes y est observée. Les températures régnant dans ces forêts peuvent, dans les extrêmes, osciller entre 10° et 32°.

dimorphisme: le mâle possède des loges hémi péniennes à la base de la queue qui se traduisent par la présence de deux "boules" prononcées (en dehors des ergots latéro-cloaquaux qui sont aussi plus apparents chez le mâle); la femelle présente une base de la queue nettement plus plate, mais encore faut-il avoir les deux sexes pour faire la comparaison (cf. images ci-dessous).

nourriture: dans son habitat d'origine, Grevillea gillivrayi est prédominant et semble être l'arbre qui donne suffisamment de fleurs, de pollen et de nectar pour satisfaire ses besoins en végétaux. Les geckos à crête sont donc omnivores, n'hésitant pas la nuit à rechercher dans son biotope le nectar de certaines fleurs. L'examen des excréments prélevés dans la nature a montré qu'ils mangeaient des fruits mûrs, ainsi que des insectes. Ceux-ci semblent toutefois n'être qu'un supplément à leur régime frugivore de base.

En captivité, son régime sera identique: abricots bien mûrs (excellent rapport calcium/phosphore), bananes, ananas, mangues, poires, pèches ou, si cela n'est pas possible, il acceptera très bien les pots de fruits mélangés et vitaminés pour bébés: je donne personnellement les pots Blédina pomme/banane auquel j'ajoute du carbonate de calcium. Il est également possible de lui donner du nectar de pollen que l'on peut trouver dans les magasins spécialisés "bio". En plus de son régime frugivore, le Rhacodactylus sera nourri principalement de grillons (taille adaptée à la largeur de la tête) qui seront saupoudrés de vitamines deux fois par semaine, plus lors de la croissance.

La purée de fruits sera déposée dans un petit récipient (un couvercle de bouteille en pet par exemple): les geckos prendront très vite l'habitude de localiser cette nourriture si elle est placée au même endroit, sinon, leur flair leur servira à la localiser. Pour les jeunes, la taille des grillons sera adaptée à leur croissance. Un apport de rayons ultra- violets ne semblent pas indispensable car c'est une espèce nocturne; toutefois je trouve plus prudent de mettre une ampoule ou un néon UV car il arrive à cette espèce de prendre des bains de soleil dans la nature.

terrarium: il sera évidemment de grande dimension vu la taille adulte des Rhacodactylus qui avoisine les 22 cm: 80h/60L/60l est une dimension tout à fait acceptable. Pour l'élevage des jeunes, un plus petit terrarium facilitera la localisation des proies. Le décor sera fait de plantes artificielles, ce que je préconise pour une plus grande facilité d'entretien et d'hygiène. Les plantes naturelles comme le ficus peuvent être installées mais sans excès; leur avantage est de maintenir un taux d'humidité plus élevé qu'avec les plantes artificielles.
L'humidité relative sera assez élevée (~80%) et maintenue au moyen de pulvérisations bi quotidiennes avec de l'eau osmosée (ce qui empêche la formation de taches de calcaire contre les vitres).

La température ne sera pas excessive et de l'ordre de 22° à 25° la journée, et de 18° à 20° la nuit. La source de chaleur et de lumière peut être simplement produite avec un spot de 60w pour le volume sus mentionné, spot qui sera protégé par un grillage afin d'éviter toute brûlure pour l'animal. Il est capital de ne jamais maintenir deux mâles ensemble, le risque d'agression ou de domination est trop important: cette règle vaut d'ailleurs pour tous les gekkonidae. Le substrat sera fait de tourbe, elle conserve l'humidité, ne moisit pas, et son acidité diminue le risque de prolifération bactérienne. Pour l'hydratation, celle-ci peut se faire conjointement à l'aide de pulvérisation d'eau ou d'un petit récipient dans lequel on mettra de l'eau; j'utilise les deux méthodes, le récipient en plastic est autant utilisé comme abreuvoir que les gouttes d'eau perlant sur la surface des vitres.

reproduction: celle-ci est aisée, même pour un débutant à condition que le minimum décrit ci-dessus soit respecté. Un petit groupe composé d'un mâle et de deux femelles sera l'idéal pour débuter l'élevage. Les Rhacodactylus sont sexuellement matures vers huit à neuf mois, mais je recommande de ne pas les faire s'accoupler avant 12 mois. La femelle portante sera alimentée suffisamment et un apport supplémentaire en calcium est indispensable pour la bonne santé des oeufs. La femelle pond 2 oeufs entre 20 et 28 jours après l'accouplement, et le nombre de pontes annuelles varie entre 6 et 10. Il faudra installer une niche de ponte constituée d'une boîte en plastic installée directement dans le terrarium et contenant quelques centimètres de vermiculite humide.

Une fois les oeufs déposés, il faudra les retirer sans les retourner (on peut marquer délicatement avec un stylo le dessus des oeufs) de leur position d'origine et les déposer semi enfouis dans un incubateur garni lui aussi de vermiculite. La température d'incubation peut varier entre 22° et 26°; certains éleveurs maintiennent une température constante de 25°. Certains auteurs (de Vosjoli, 1999) affirment que la T° d'incubation n'influence pas le sexage. D'autres affirment qu'un sex ratio de 50% sera obtenu à une température constante de 26°. L'incubation dure entre 65 et 80 jours suivant la température.

Les jeunes Rhacodactylus percent la coquille de l'oeuf grâce à leur "dent de museau", comme la plupart des reptiles. Ils naissent à une taille comprise entre 6,5 et 7,5 centimètres, ne se nourrissent pas les 3 premiers jours car ils absorbent le reste de la poche vitelline. Les jeunes peuvent être placés dans un petit récipient dont on installera sur le fond du sopalin ou papier ménage; l'humidité sera plus importante (2 à 3 pulvérisation par jour), la température sera identique à celle des adultes et ils pourront être maintenus en petits groupe jusqu'à l'apparition des caractères sexuels secondaires (vers 4 mois). Leur nourriture de base sera identique également à celle des adultes sans omettre un apport vitaminé et en calcium plus important (3 X par semaine).

Il est très important de ne pas donner plus de grillons qu'ils ne peuvent en consommer, être très attentif à leur taille et ne les nourrir qu'en début de soirée. Il est important de ne pas leur fournir de produits fruités comme les agrumes contenant de l'acide citrique. La manipulation est à éviter car le risque d'autotomie (séparation de la queue à sa base) est important, en plus des facteurs de stress non négligeables.

Il semblerait que les Rhacodactylus possèdent un organe capable de stocker le calcium et de le redistribuer dans l'organisme selon ses besoins.

particularités: ce gecko possède des variations de coloris très importantes et les éleveurs, comme pour le gecko léopard, Eublepharis macularius, ne se gênent pas pour créer de nouveaux "pattern" à force de croisement suivant la couleur désirée. Dans la nature, les couleurs les plus souvent observées sont de l'ordre du brun, du gris, du jaune, du noir au rouge brique, du rouge, de l'orange, du jaune pâle et du beige. Voir les différents coloris.

L'extrémité de sa queue est pourvue d'une surface adhésive qui lui permet, en plus de sa semi préhensibilité, d'adhérer aux branches ou feuilles sur lesquelles il évolue. Celle-ci est pourvue d'une faculté d'autotomie, c'est-à-dire que le reptile est capable de s'auto sectionner à l'aide de certains muscles, une partie de ce membre, principalement du côté proximal. Chez cette espèce, il ne repousse qu'un minuscule moignon. Les doigts sont pourvus de larges lamelles adhésives (constituées de micro griffes) qui lui permettent de grimper même sur les surfaces les plus lisses.

L'odorat et le goût sont particulièrement développés chez ce reptile arboricole omnivore qui se sert de ces sens pour repérer son alimentation à base de fruits mûrs et de pollen ou nectar de fleurs.

Son tympan externe, qui est remarquable par son étroit orifice situé derrière les maxillaires, lui sert principalement à détecter ses proies mobiles et à le prévenir d'un danger.

Ses yeux , non amovibles, sont particulièrement adaptés à la vision nocturne. Durant la journée, la pupille est réduite (verticalement) à son strict minimum afin de laisser pénétrer la lumière nécessaire; ce gecko est capable de réguler la quantité de lumière sans que sa rétine n'en soit affectée. Lors de la mue, celle-ci est immédiatement absorbée (comme la plupart des Gekkonidae) avec sa bouche et ce, dans le but de ne pas laisser de traces sensibles pour ses prédateurs.

Un dernier point: considéré comme disparu ou non observé depuis 1967, il a été trouvé à nouveau sur l'île des Pins en 1994. De Vosjoli a été l'instigateur de son élevage en captivité. Actuellement, les Rhacodactylus ciliatus ne proviennent que d'élevages réglementés car il est strictement protégé.

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